Trop beau, le futur Casino de Knokke en 2032 !

Les villes de la côte belge misent sans conteste sur la rénovation de leur patrimoine. La construction récente, à Middelkerke, du casino Silt, conçu par l’architecte néerlandais Reinald Top, en est une preuve. Knokke-Heist lui a emboîté le pas avec un projet de casino tout aussi impressionnant. Il sera réalisé par le bureau gantois Tab Architects, lauréat du concours international d’architecture lancé, comme en 1925, par la cité knokkoise.

Ce projet de rénovation est une ode à l’architecte belge Léon Stynen dont l’âme plane sur le casino. Né en 1899, il compte au nombre de ses ami·e·s des architectes comme Le Corbusier. Parmi ses réalisations figure notamment le complexe artistique anversois De Singel, qui abrite aujourd’hui l’Institut flamand d’architecture. Chaque Flamand·e reconnaît d’un simple coup d’œil les fenêtres uniques en forme de galets de son auditorium. Il faut dire qu’en 1929, le casino de Knokke représente la plus grosse commande de l’architecte belge, tant sur le plan financier qu’en terme d’envergure.

Fort de cette « carte de visite » de constructeur de casinos, Léon Stynen rafle par la suite la majorité des autres projets du genre en Belgique. Dans les années 50 et 60, le Casino- Kursaal de Knokke se mue en temple international de la culture. L’année 1949 marque le début des grandes expositions estivales annuelles autour de grands noms comme Pablo Picasso, Henri Matisse et… le fleuron national Magritte. L’avant-garde y a également droit de cité avec, entre autres, Joseph Beuys, Salvador Dalí, Robert Rauschenberg et Andy Warhol.

 

Nouveau concours, 100 ans plus tard

Près d’un siècle plus tard, la commune de Knokke-Heist a réitéré son concours international d’architecture. Le 1er décembre 2023, presque 100 ans après le jeune Léon Stynen couronné lors de la première édition, le collège des bourgmestres et échevin·e·s a proclamé la victoire du bureau gantois Tab Architects. Sa mission se résume en ces mots : « Sur le site du casino, il y a de la place pour quelque chose de très particulier, une confrontation épurée entre l’ancien et le nouveau, quelque chose qui aspire à redevenir la figure de proue de Knokke-Heist et à lui donner une nouvelle dimension avec une aura internationale, tout en respectant le passé ».

Un respect que les architectes Tom Debaere et Bert Bultereys témoignent à Léon Stynen. L’hommage qu’ils lui rendent, consciemment ou non, en faisant référence à Le Corbusier, sa source d’inspiration, transparaît à travers la structure à coque monumentale côté mer du nouveau Grand Casino. Sans doute ont-ils à l’esprit le musée Guggenheim de New York…

Les visiteur·euse·s découvriront un agencement en spirale similaire dans l’aire de réception centrale du bâtiment rénové. Pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, Tab Architects s’est fait un plaisir de s’associer à son partenaire de longue date, le bureau espagnol Barozzi-Veiga. Les Gantois comptent déjà à leur actif de nombreuses réalisations remarquables comme le quartier The View actuellement en construction à Louvain. Le site de Stella Artois accueillera 160 logements, ainsi que des espaces commerciaux et des jardins collectifs.

Vue sur mer

Tab Architects met un point d’honneur à rétablir le lien initial entre le casino et la vue sur la mer du Nord. À l’instar de Léon Stynen en 1929 qui avait convié la grande bleue à l’intérieur grâce à d’énormes baies vitrées. Celles-ci ont été obturées durant la Seconde Guerre mondiale. Le revêtement d’origine en céramique a ensuite été enlevé. Des colonnes à l’allure massive ont été incorporées entre les surfaces vitrées, brisant la transparence élégante du modernisme de Stynen.

Heureusement, les carreaux blancs émaillés de forme carrée ont retrouvé leur place d’origine, comme en 1929. « Nous voulions restaurer le contact avec la mer, explique Tom Debaere. Mais les grandes baies vitrées, en véritables accumulateurs de chaleur et de froid, nécessitent une analyse approfondie en termes de durabilité. Il sera toutefois plus facile d’adapter l’isolation thermique à la conception rationnelle de Léon Stynen qu’à la façade actuelle. »

Fresque de Magritte

Le Domaine Enchanté de Magritte qui couvre tout le périmètre de la salle de la Rotonde.

L’espace évènementiel du rez-de-chaussée, la salle principale du premier étage, la « salle du lustre » ainsi que les salles d’exposition de la salle d’art pourront être utilisés ensemble ou séparément. Le belvédère offrira une vue panoramique sur la mer et le nouveau parc paysager. La salle de la rotonde ou salle Magritte, qui est la plus remarquable, doit son nom à la célèbre fresque panoramique Le Domaine enchanté peinte par René Magritte sur l’ensemble de son périmètre. À ses côtés, Tab Architects a ajouté un nouveau volume composé de trois salles d’exposition offrant de généreuses hauteurs libres.

La salle d’art sera bien plus qu’un simple espace d’exposition. Un « parcours muséal » reliera les salles en boucle fermée. « Même avec un plan d’exposition strict, la flexibilité de l’infrastructure multiplie les possibilités à l’infini. » Dans le plan piétonnier des abords côté rue, un emplacement connecté au réseau routier de Knokke-Heist est prévu pour accueillir les taxis et un service de voiturier. Cette zone drop-off garantit l’accès au Grand Casino pour les personnes qui s’y rendent en voiture. Pour une arrivée en toute élégance, donc, digne des palaces et des grands casinos d’antan…


INFOS PRATIQUES

Le coup d’envoi des travaux sera donné début 2026.
Les phases suivantes, incluant la rénovation complète et la transformation du bâtiment actuel du casino, sont prévues pour début 2029, tandis qu’une ouverture spectaculaire du casino rénové de Knokke-Heist est attendue courant 2032.

Grandcasinoknokke.be/fr