Le Prince foudroyé, tel est le titre de la biographie de Laurent Greilsamer consacrée à Nicolas de Staël. Né Nicolas de Staël von Holstein en 1914, en Russie, l’artiste à la longue silhouette, à jamais immortalisée par la photographe Denise Colomb, se suicide en 1955, à Antibes, en se jetant de la terrasse de son atelier.
Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), à Marseille, conserve d’ailleurs son ultime chef-d’œuvre, Le Concert (Le Grand Concert : l’orchestre) (350 × 600 cm). C’est avec ce piano noir sous un ciel rouge que se conclut le cheminement créatif de Nicolas de Staël, des empâtements, posés en larges aplats à la spatule et au couteau – que d’aucun·e·s qualifient de peinture maçonnée –, aux teintes diluées appliquées à l’aide de coton et de gaze.
La quête d’émotion de Nicolas de Staël
Face à la ligne d’horizon, point de fuite à la lisière du bleu du ciel et de la mer, le peintre tente de capter cette « lumière agaçante en balle de ping-pong ». « Vorace et fulgurante », elle engloutit les contours. Le motif n’est plus alors qu’un prétexte. Seuls comptent le mouvement, les couleurs, la quête de l’émotion. Ses compositions ne sont ni vraiment figuratives ni vraiment abstraites. « Ma peinture, je sais ce qu’elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force, c’est une chose fragile dans le sens du bon, du sublime », écrit-il quelques mois avant son décès tragique.
Natures mortes, paysages ou portraits, aucun sujet n’échappe à sa frénésie de peindre. Il laisse derrière lui 1 120 œuvres, créées entre 1940 et 1955, à l’huile, à la gouache, à l’encre de Chine… Le musée d’Art moderne de Paris en présente chronologiquement 200, dont une cinquantaine pour la première fois dans un musée en France. Elles témoignent de son « évolution continue », loin des chemins balisés par les ténors du cubisme, du fauvisme, du surréalisme ou de l’expressionnisme abstrait, et ponctuent une vie menée tambour battant.
> « Nicolas de Staël » au musée d’Art moderne, 11, avenue du Président-Wilson, 75116 Paris (FR), jusqu’au 21 janvier 2024.
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