À Amsterdam: Canal plus !

Au sein de leur domaine respectif, le design et l’architecture en bâtiment, le directeur créatif et styliste Marc Heldens et l’architecte Hans Oudendorp, du bureau Architectbna.nl, travaillent en étroite collaboration avec ceux·elles qui conçoivent et habitent les espaces... Le couple s’est donc uni dans la construction et l’aménagement son propre immeubleet le studio de Marc, un contribtueur régulier des magazines IDEAT.

Styliste Marc Heldens
Portrait de Marc Heldens. Photos : Verne

Ces derniers temps, l’architecte Hans Oudendorp s’est concentré sur des projets d’appartement et de lofts, un type d’habitation qui revient, comme les 90’s, à la mode et qui fait toujours sens à Amsterdam, où le décloisonnement des espaces se vit dans l’espace urbain des nouveaux quartiers, mais aussi dans la sphère privée. Pragmatique et fonctionnel, l’immeuble monolithique qu’Hans a érigé à IJburg abrite le studio de son homme à la ville, le styliste Marc Heldens, toujours attentif aux détails qui font la différence dans les intérieurs qu’il stylise pour les besoins des photographes… Il nous en ouvre les portes.

 

IDEAT : Pourquoi avoir choisi de vous installer à IJburg à Amsterdam ?

Marc Heldens : Lorsque Hans et moi cherchions un nouvel espace pour vivre et aussi travailler, nous avons visité de nombreuses maisons à Amsterdam, mais la construction neuve s’est imposée. À ce moment, Amsterdam lançait son plan d’expansion du district d’IJburg, caractérisé par son emplacement sur un archipel d’îles artificielles dans l’IJmeer. Sur Steigereiland, la première île achevée, il était possible d’acheter des parcelles où l’on pouvait construire sans contraintes d’urbanisme. La nôtre mesurait 7 x 21 mètres, laissant ainsi un jardin de ville d’environ 60 m2. Nous avons donc choisi de construire sur quatre niveaux, avec la moitié de l’espace total dédié à notre résidence et le reste pouvant être utilisé comme espace de travail.

Le studio du directeur créatif Marc Heldens à IJburg
Le studio du directeur créatif Marc Heldens, conçu par lui-même et son partenaire, l’architecte Hans Oudendorp, est surmonté d’appartements dans le même immeuble, situé à IJburg (quatre îles artificielles de l’est de la ville d’Amsterdam).

Comment ce district évolue-t-il?

M.H. : Les deux dernières îles d’IJburg ont été créées et sont prêtes pour le développement de nouvelles constructions, dans Centrumeiland et Strandeiland. Dans quelques années, Buiteneiland (une île dédiée aux loisirs et aux sports nautiques) s’ajoutera. En 25 ans, IJburg est devenu un district à part entière d’Amsterdam, avec 45 000 habitant·e·s, son propre centre-ville, sa marina… Steigereiland-Zuid, notre quartier, s’est développé comme endroit résidentiel et « vert », avec de nombreuses parcelles où ont poussé des architectures remarquables du fait que le quartier était exempt de contraintes d’urbanisme.

Comment votre lieu de vie et de travail s’intègre-t-il dans la ville ?

M.H. : Il apporte une singularité au quartier dans lequel il est situé, qui n’avait pas vraiment de style. Il est aussi la réinterprétation personnelle des maisons de canaux du XVIIe siècle, comme l’on peut en voir à Amsterdam sur Herengracht, Keizersgracht et Prinsengracht.

« Je rêvais d’avoir un environnement de travail qui soit aussi un lieu de vie, avec un salon et une bibliothèque qui abrite mes livres d’architecture, mes magazines de décoration et de design, et des œuvres d’art de ma collection. »

De quel objet de votre quotidien auriez-vous du mal à vous séparer ?

M.H. : Du canapé Orwell datant des années 80, conçu par Duc Ngo Quang (Christian Duc, 1947- 2013), un designer vietnamien-français. Je l’ai acquis auprès d’un ancien client de Food for Buildings, une agence d’architecture et design qui fut précurseur aux Pays Bas.

canapé Orwell de Christian Duc
Pièce maîtresse du studio de Marc Heldens, le salon comporte le fameux canapé Orwell de Christian Duc, dessiné en 1984. Un modèle ancien tout comme les fauteuils du même nom qui le complètent. La chaise rouge et bleue de Gerrit Rietveld est une version repeinte en blanc et dont Marc a fait l’acquisition en seconde main, de même que les tables basses et les suspension de Wilhelm Wagenfeld. Le portrait a été réalisé par le peintre français Jean-Charles Blais.

Qu’aimez-vous dans votre métier et comment a-t-il évolué ?

M.H. : Ces dernières années, mon métier a évolué du stylisme au storytelling pur ; la personnalité d’un intérieur prime désormais sur la décoration et les pièces de mobilier qui l’aménagent. Ainsi, que mon travail puisse combiner ce qui m’est cher me comble : faire des rencontres, observer un espace, l’analyser et le retranscrire en images. En tant que directeur créatif dans le secteur de niche qu’est le design, j’essaie toujours de repérer ce qui fait l’originalité d’un lieu par mes propres sens, et le premier choix est souvent le bon.


Article publié initialement dans IDEAT Benelux n°4 novembre-décembre 2023 et édité

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