Une résidence de collection renaît enfin à Knokke

Le collectionneur d'art et mécène Hubert Bonnet vient d’achever la restauration d’une maison historique à Knokke : la Villa Paquebot. Un premier pas vers la concrétisation de son futur fond durable d'architectures de collection datant des années 30 à 70.

L’énergie d’Hubert Bonnet semble inépuisable. À l’été 2021, le collectionneur d’art et mécène belge, résident suisse, a ouvert sur la Côte d’Azur, à Saint-Paul-de-Vence, la deuxième Fondation CAB : un lieu dédié à l’art minimaliste et conceptuel, son grand dada. Une exposition consacrée à Andrée Putman et Niele Toroni y sera présentée cet été ; au premier CAB à Bruxelles prend place le travail d’André Cadere.

En 2022, il a concrétisé discrètement un autre projet : la restauration de la Villa Paquebot, sans aucun doute la plus belle résidence de collection moderniste de Knokke. Bien qu’il vive à Verbier, en Suisse, Hubert est très attaché à la station balnéaire flamande.

Le reflet d’une passion pour l’architecture et l’art au service d’un projet plus grand que nature pour Hubert : la création future d’un fond durable d’architectures de collection.


La location de biens après rénovation par Hubert Bonnet et des architectes de renom

Sous la bannière de Bibihome Properties (“bien plus qu’une plateforme de location de vacances”, selon ses termes), Hubert Bonnet met désormais à disposition des résidences de villégiature d’un prestige inouï, rénovées et mises en scène par les plus grandes architectes et architectes d’intérieur de leur génération, à l’instar des Belges Olivier Dwek et Marc Corbiau et des Français·es Charles Zana et India Mahdavi.

Des bijoux d’architecture des années 30 à 70 dont le point commun est la passion de Hubert Bonnet, bien décidé à constituer un patrimoine architectural durable et unique en son genre avec ces belles demeures sises de Paris, Rive gauche, jusqu’à Genève – face au lac Léman – ou encore en République Dominicaine. Mises en location auprès d’autres esthètes, ces biens retrouvent ainsi une nouvelle jeunesse.

Hubert Bonnet. Jan Verlinde pour IDEAT

La renaissance d’une véritable icône de l’architecture moderniste belge

La Villa Paquebot est un secret bien gardé derrière un terrain en pente, dans la Sparrendreef. Louis-Herman de Koninck (1896-1984) a conçu ce joyau caché en 1935-1936 pour le fils de l’avocat bruxellois Nestor Nice. « L’architecte a eu du mal à convaincre les autorités locales du bien-fondé d’une toiture plate : à Knokke-le-Zoute, les toits en paille ou en tuiles sont la norme », explique Alain Delogne de Fronton Architecture, le bureau bruxellois qui a assuré le suivi de la restauration.

La Villa Paquebot est l’une des rares maisons de Knokke à toiture plate. Laquelle fait penser au pont d’un bateau.
La Villa Paquebot est l’une des rares maisons de Knokke à toiture plate. Laquelle fait penser au pont d’un bateau. Jan Verlinde

Au cours des recherches, Alain Delogne a découvert que les châssis étaient à l’origine orange, et pas noirs. Une couleur qui confère à la villa de vacances un look frais et énergique qui va comme un gant à Hubert. L’anecdote veut que plusieurs étudiants ont également participé à la rénovation de cette maison historique. Cette maison a en effet été restaurée avec l’aide des Monuments et des sites afin qu’elle puisse retrouver son aspect original.


Une résidence de collection avec un panorama d’art contemporain

Grâce à son propriétaire Hubert Bonnet, la Villa Paquebot restaurée est un exemple de la façon dont on peut habiter un lieu patrimonial aujourd’hui. On y vit de manière contemporaine, au milieu de son impressionnante collection d’œuvre d’art minimaliste et conceptuel.

Un aménagement qui n’a bien entendu rien à voir avec l’architecture fonctionnaliste, dont un maximum d’éléments originaux a malgré tout été conservé ou restauré : sols en terrazzo, cuisine Cubex et plafond en briques de verre.

Sur le plan du mobilier, Hubert a également privilégié l’harmonie au contraste. Il n’a pas décoré la maison avec des meubles Bauhaus au style rigide, dont la villa était équipée à l’origine. Il a plutôt opté pour le mobilier en bois organique de l’architecte-designer finlandais Alvar Aalto, la star absolue de cet intérieur, qu’il a associé à des éditions Artek et des tapis contemporains inspirés des vitraux de Louis-Herman de Koninck.

Un monochrome de Marthe Wéry, une lampe de Serge Mouille et deux fauteuils Model 44 d’Alvar Aalto : Hubert Bonnet a délibérément choisi de ne pas meubler sa maison de vacances de manière fonctionnaliste. Les tapis géométriques sont inspirés des vitraux de Louis-Herman de Koninck. Jan Verlinde

Et puis il y a l’art, bien sûr. Hubert Bonnet a pioché dans sa collection des oeuvres de Jenny Holzer, Donald Judd, Carl Andre ou encore Robert Mangold. Dans le jardin aussi, l’art tient la vedette, comme en témoigne un cercle de galets blancs disposé sur la pelouse. Il ne s’agit pas d’une lubie de Dominique Eeman, architecte paysagiste à Knokke, mais d’une œuvre de Richard Long, maître du Land Art. Un des artistes préférés d’Hubert.

Mais la plus belle œuvre d’art du jardin est sans doute le pin, juste à côté de la piscine. Cet arbre fantaisiste est déjà visible sur des photos de 1937. Près de 90 ans plus tard, le pin est toujours là, plus fier que jamais.


Contenu initialement écrit par Thijs Demeulemeester et publié dans IDEAT Benelux n°1 avril-mai 2023 et édité 

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