De Paris et Londres au Mix à Bruxelles, les voyages et hôtels inspirés de Jean-Michel André

CEO de Limited Edition Hotels, groupe belge clé de l’hôtellerie urbaine, Jean-Michel André s’affaire à l’une de ses plus grandes réalisations. À Bruxelles, le Mix et ses 21 000 m2 offriront un art de vivre complet à partir de juin 2023. Le lieu ? La mythique architecture fonctionnaliste de René Stapels et Pierre Dufau de 1970. Espaces de travail, fitness et wellness, restaurants et bars, appartements à louer, et bien entendu un hôtel, ne feront de croix sur le design avec, en backstage, un casting d’obédience principalement belge : Lionel Jadot à l’intérieur, Dirk Somers à l’extérieur et Base Design à l’identité de ce lieu-monde. IDEAT a rencontré Jean-Michel André sur son chantier.

IDEAT : Vous avez toujours votre mot à dire sur le design d’un hôtel. Comment qualifiez-vous le Mix ?

Jean-Michel André : Au Mix25, boulevard du Souverain, 1170 Watermael-Boitsfort (BE) –, le design est pensé de façon vernaculaire, en lien direct avec les espaces. Le designer Lionel Jadot respecte fort l’esprit d’origine du bâtiment de la Royale Belge. Ses créations et celles de son studio Zaventem Ateliers s’y posent comme des sculptures, en fonction des espaces, sans toucher à l’existant. Le fameux mur en laiton du sculpteur Lionel Sabatier y est par exemple préservé. À Bruxelles, il est vrai que Limited Editions Hotels a jusqu’ici principalement réalisé des hôtels qui reposent sur une histoire, comme ce fut le cas au Berger24, rue du Berger, 1050 Ixelles (BE) –, sur le lieu d’une ancienne maison de rendez-vous, et au Jam132, chaussée de Charleroi, 1060 Saint-Gilles (BE) –, dans une ancienne d’école d’art tout en béton. À chaque fois, nous donnons une relative liberté aux architectes. Mais le design doit toujours être au service du produit.

Le Mix ressemblerait-il à l’hospitality du futur ?

J-M A : Pour la première fois en Belgique, les habitants tout comme les touristes et les travailleurs nomades pourront vraiment profiter d’un lieu pluridisciplinaire et urbain, avec une offre unique en son genre, axée sur le travail bien fait, le bien-vivre, le bien-être, la gastronomie locale, la fête mais aussi le sport en proximité directe la nature. C’est un grand pas en avant pour Bruxelles.

Le voyage fait partie de votre métier : plaisir ou nécessité ?

J-M A : Je suis tombé en admiration de l’univers de l’hôtellerie haut de gamme à 17 ans, lorsque j’ai découvert l’Astoria à Bruxelles (le palace renaîtra fin 2023, NDLR). Depuis que je suis devenu hôtelier, je voyage continuellement pour pouvoir voir et tester ce qui se fait de mieux dans le milieu, donc je sélectionne minutieusement les hôtels dans lesquels je me rends ; ça a le don d’agacer mes amis, alors je leur dis qu’il s’agit d’un plaisir pour moi. Voyager est ma passion.

Quels rituels vous accompagnent lors de vos voyages ?

J-M A : Leur préparation méticuleuse est une forme de rituel. J’organise tout à l’avance et privilégie les découvertes dans les pays que je connais, comme les visites dans des petits ateliers de création. Je sais généra- lement ce que je vais faire du matin jusqu’au soir : quelles rues je vais emprunter, à quels restaurants je vais m’attabler… Pour les virées ur- baines, je m’informe avec des guides de voyages et IDEAT. Selon moi, un city trip réussi est un mélange d’un bon hôtel, d’un bon restaurant, d’une bonne exposition et d’un bon magasin où acheter une chouette paire de baskets.

« Un city trip réussi est un mélange d’un bon hôtel, d’un bon restaurant, d’une bonne exposition et d’un bon magasin où acheter une chouette paire de baskets. »

Êtes-vous adepte du slow travel ?

J-M A : J’ai besoin de la « vraie » ville. Je suis profondément urbain, et responsable. Quand je me déplace à Bruxelles, où je vis, j’emprunte presque tout le temps mon vélo électrique. J’utilise très peu ma voiture hybride. Aussi, j’ai fait une promesse à mes enfants et j’essaie de la tenir : privilégier dès que possible le rail à l’air. Je suis très sensible à la pollution que l’avion génère.

Comment rechargez-vous vos batteries entre deux déplacements ?

J-M A : Je fais très régulièrement du sport, comme du spinning, et tous les week-ends je m’adonne au vélo de course ou au gravel dans la forêt de Soignes ou celles avoisinantes au sud de Bruxelles. Je dors aussi beaucoup et je privilégie une alimentation saine, sans jamais me refuser une bière, ou deux.

Votre endroit bien-aimé pour décompresser ?

J-M A : La forêt est mon troisième poumon. Je m’y enfonce avec mon vélo, parfois seul, même si j’aime toujours faire les choses en équipe. Pour me relaxer, j’affectionne l’hôtel Hurricane à Tarifa, en Andalousie espagnole, tout simple, avec sa vue sur la côte africaine et le détroit de Gibraltar. Je me sens aussi bien au Domaine de Ronchinne, près de Namur – 25, château de la Poste, 5330 Assesse (BE) –, qui fut la résidence de la fille du roi Léopold II de Belgique et de son époux, et que nous avons rénové avec Limited Editions Hotel pour en faire un hôtel à taille humaine qui offre des activités outdoor.

Un aliment ou un plat qui vous évoque une destination ?

J-M A : Je m’autorise presque uniquement à manger de la viande quand je file à Londres, au restaurant Smokestak dans le quartier de Shoreditch – 35 Sclater St, Londres E1 6LB (GB) –, mon passage obligé dans la capitale anglaise.

Des villes qui vous fascinent ?

J-M A : J’ai récemment eu des coups de cœur pour plusieurs villes d’Asie du Sud-Est comme Bangkok, et autre part, Lisbonne et Marrakech ainsi que des villes marocaines que j’ai redécouvertes. Les trois villes du Rajasthan indien – Jaipur, Jodhpur et Udaipur –, me passionnent : elles sont grouillantes, éminemment lumineuses et l’artisanat tout comme la street food y naît à foison. New York, Londres et Paris restent mes favorites pour être au courant des tendances.

À quoi êtes-vous attentif pour choisir un hôtel ?

J-M A : La nouveauté d’un concept hôtelier est un élément décisionnaire, tout comme l’histoire, l’architecture du lieu, et le service proposé. Les nouvelles technologies retiennent aussi mon attention, et l’écoresponsabilité, même si ce concept est encore nouveau dans l’hôtellerie. Avec le Mix, implanté dans une zone classée Natura 2000, nous visons l’obtention du label de quali- té écologique Green Key.

« Pour moi, la nouveauté d’un concept hôtelier est un élément décisionnaire, tout comme l’histoire, l’architecture du lieu, et le service proposé. »

Que rapportez-vous de vos voyages ?

J-M A : Je ramène systématiquement des couteaux typiques des pays que j’ai visités, qu’ils servent à couper des aliments spécifiques, qu’ils s’utilisent en cuisine ou encore dans le jardin, et de toutes tailles.

Une expérience de voyage dont vous gardez un beau souvenir ?

J-M A : À Pô, au Burkina Faso, dans le cadre d’un projet d’aide humanitaire avec Lionel Jadot et des amis, nous avons rendu visite à un photographe, chez lui. Dans son studio, il y avait un tas de tenues colorées utilisées pour des prises de vue pour des fêtes traditionnelles. On s’est tous pris au jeu de les essayer. Le résultat est un cliché loufoque qui n’a pas manqué de rendre le photographe hilare !