La Haye consacre une rétrospective évènement à l’artiste M.C. Escher

L’artiste surréaliste Maurits Cornelis Escher est né aux Pays-Bas il y a 125 ans, mais sa vision dépasse l’acception de l’espace et du temps. Pour déplacer le cadre de la logique graphique et rendre hommage à sa liberté de déplacer les perspectives, la ville de La Haye toute entière se pare de ses œuvres et fait de l’illusion sa nouvelle optique.

Maurits Cornelis Escher (1898-1972) créait des mondes impossibles, les seuls à être plus mystérieux après qu’on les a visités. Le musée qui est dédié à ses extrapolations picturales, Escher in Het Paleis – son imaginaire était un château aux cloisons malléables –, lui consacre une rétrospective enrichie par une exposition jumelle complémentaire au Kunstmuseum (anciennement Gemeentemuseum) : « Other World ».

On rêvait de cet autre monde, La Haye s’habille de toute l’histoire d’Escher, des bâtiments de la ville recouverts de ses œuvres aux installations d’artistes qui ont plongé dans les eaux mouvantes, émouvantes et paradoxalement remontantes de ses fontaines spirituelles irréelles. Combinant ses plus célèbres estampes de reflets modifiés avec des jeux de miroirs et de lumières pour tromper le regard mais pas l’âme, cette année Escher mêlera également les interprétations de ce monde que M.C. avait déjà lui-même retourné, avec des constructions spectaculaires du tandem artistique belge Gijs Van Vaerenbergh.

Lithographie Hand met spiegelende bol (1935) de M.C. Escher. PHOTO: collectie kunstmuseum den haag, The M.C. Escher Company

M.C. Escher ou l’architecture des dessins

Escher a d’abord été remarqué par Samuel Jessurun de Mesquita – une exposition spéciale retrace leur parcours de découverte jusqu’au 1er octobre à Escher in Het Paleis – lui-même artiste et graveur de talent, enseignant à l’École d’architecture et des arts décoratifs, alors que le jeune homme y était étudiant. De Mesquita avait été tellement impressionné par les dessins d’Escher qu’il l’avait persuadé de changer de cours.

L’architecture a toujours composé les fondations de ses œuvres, même si Escher est par la suite devenu un maître de la gravure. Leur amitié artistique a perduré jusqu’à la disparition tragique De Mesquita à Auschwitz en 1944. Cette exposition révèle leurs œuvres poignantes, s’inspirant et se répondant comme un langage en miroir.

Gravure sur bois Lucht en water I (1938) de M.C. Escher. PHOTO collectie kunstmuseum den haag, The M.C. Escher Company

Des perspectives extraordinaires en exposition

Ses estampes sont le fruit d’un dévouement quasi obsessionnel à l’art de la gravure. À La Haye, son œuvre et celle de Gijs Van Vaerenbergh se répondent en deux volets « jour » et « nuit », explorant les frontières de la compréhension, du paysage, de la perception. Escher sur papier, Gijs Van Vaerenbergh sous forme d’installations refont le monde.

Pour l’exposition « Other World », l’élément central est une coupe transversale de l’œuvre de M.C. Escher pour laquelle Gijs Van Vaerenbergh a réinventé des incursions dans l’espace. Des sculptures qui confrontent les notions de léger et de lourd, d’éphémère et d’éternel, d’architecture impossible et d’infini, pivots de la réflexion du maître Escher. Leur spectaculaire installation cinétique Isomic utilise les mouvements de la lumière pour donner l’impression que l’eau coule… de haut en bas !

Les rétrospectives seront organisées et relayées par tous les acteurs culturels de La Haye. Le Kunstmuseum montre des expositions interactives et des activités destinées aux visiteurs, pour un festival ludique d’illusions d’optique. Avec ses nombreux musées historiques et contemporains authentiquement passionnants, la ville de La Haye offre de multiples opportunités de city trips instructifs et inspirants, pour escalader symboliquement l’escalier chimérique d’une pensée en paliers sans rambardes, et pour réaliser à quel point Escher était en réalité un magicien. Le public pourra découvrir combien il a influencé l’art de l’illusion d’optique, et pour les artistes, mathématiciens, architectes et amateurs d’art du monde entier, la manipulation des perspectives, dans tous les sens philosophiques du terme.

Une immersion totale dans une compréhension alternative pour découvrir son œuvre dans une dimension architecturale et prendre de la hauteur, même si les escaliers semblent toujours descendre… Pour ne pas prendre des vessies pour des lanternes, ou des oiseaux pour des poissons.

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