À l’heure où les matériaux sont au cœur des processus créatifs et constructifs, entre questions d’approvisionnement et usage raisonné, voire parcimonieux, de la matière, il n’est pas étonnant que le brutalisme refasse son apparition, y compris dans le mobilier et l’architecture intérieure.
Les « recettes » de ce mouvement architectural des fifties s’y appliquent parfaitement. Formes simples, géométriques et massives, prédominance du béton délibérément laissé brut, mais aussi de matériaux comme le verre, l’acier ou la pierre : le brutalisme a conquis l’architecture des années 50, 60 et 70 avant de tomber en désuétude.
Le brutalisme, un mouvement sans fioriture
Inscrit dans la reconstruction de l’après-guerre, porté par Mies van der Rohe et Le Corbusier, mais aussi par Paul Evans pour le mobilier, il évoque la matière dans son intégrité, sans transformation, l’aspect fonctionnel et la modestie des espaces. Derrière la forme, le discours porté est aussi celui d’une architecture abordable, plus sociale.
Si le béton et ses affidés restent au cœur de cette création « néobrutaliste », d’autres matériaux viennent toutefois s’ajouter à la liste, qui eux aussi respectent la règle de simplicité et d’authenticité de ce parti pris. Ainsi, du côté des pierres, le marbre notamment, avec ses veines et ses teintes variées, vient aujourd’hui animer les créations.
Mais il ne faut pas s’y tromper : même fabriquées dans cette matière précieuse, les pièces contemporaines inspirées du brutalisme conservent l’esprit d’origine. Elles continuent d’évoquer la simplicité, l’absence volontaire de fioritures et autres ornements superflus. Le mobilier, aux formes plutôt massives et élémentaires, va à l’essentiel, remplissant en priorité sa fonction.
S’ils renouvellent le genre, les designers qui rendent hommage ou puisent dans le brutalisme conservent cet équilibre entre évidence de la forme et délicatesse. En son temps, Le Corbusier disait : « Puissent nos bétons si rudes révéler que, sous eux, nos sensibilités sont fines. » Ses disciples semblent avoir retenu la leçon…