Simon Polet et Benoit Fortpied (30ans) se connaissent depuis l’adolescence. Issus de la même école secondaire namuroise, ils étudient ensemble à la Louvain School of Management. Benoit débute sa carrière au cabinet d’audit et de conseil Deloitte, puis il travaille comme responsable de la stratégie opérationnelle chez Deliveroo. Aujourd’hui, c’est le cerveau analytique, financier et opérationnel de Merchery, société cofondée avec Simon. Celui-ci s’occupe, quant à lui, des produits, du marketing et des ventes, après être notamment passé par la case Base Design, agence de branding à Bruxelles et au-delà (lire aussi p. 206). « On a toujours voulu lancer une boîte ensemble. À l’unif’, on s’imaginait faire un truc énorme, qui changerait le monde », se souvient Simon. Après avoir planché plusieurs années sur une idée révolutionnaire, ils lancent en 2018 une marque de gourdes, Drink Big. L’objectif de ce side project était de rendre tendance un objet un peu ringard à la base. Ils vendent alors leurs bouteilles sur Instagram, et dans des boutiques à Bruxelles (Bellerose), Anvers, Namur. Ils nouent aussi à l’époque une collaboration avec la fondation belge KickCancer de Delphine Heenen.
« Un jour, une entreprise nous a demandé de customiser 50 gourdes avec son logo. Nous avons alors ajouté un onglet sur le site web de Drink Big pour proposer la personnalisation des produits. C’est comme ça que Merchery est née. Parce que toutes ces sociétés qui font des cadeaux à leurs client·e·s, partenaires, employé·e·s veulent renforcer le sentiment d’appartenance », poursuit le cofondateur qui regrettent que ces objets soient généralement de moindre qualité (esthétique). « On se souvient de nos parents qui revenaient à la maison avec une énième clé USB qu’on jetait après deux semaines. C’est pourquoi on a voulu étendre l’idée de la bouteille à d’autres produits : un beau carnet, un beau couteau Opinel, du beau textile, qu’on a envie de garder. »
Séduction et responsabilité
Fin 2019, Simon et Benoit quittent leur job respectif afin de lancer « pour de bon » Merchery en avril 2020. « On a créé la marque à deux, mais nous sommes aujourd’hui un peu plus de 25 au sein de nos départements (produits, vente, communication, tech’, opérationnel, partenariats) », précise Simon.
Le Covid ? Il ne leur a pas forcément nui, car les entreprises ont eu envie de chouchouter leurs équipes. Merchery a d’ailleurs rapidement décollé, notamment grâce au marché à l’étranger. La Belgique représente seulement 10 à 15 % du chiffre d’affaires de l’entreprise qui est à la fois présente en Europe et aux États-Unis. « On a même fait du merchandising pour une série Netflix : dans Sex Education, on aperçoit nos vestes. Sans parler de projets spéciaux pour de grandes Maisons comme Dior », se réjouit-il..
La presse économique a su mettre en avant le positionnement de Merchery auprès des entreprises. Résultat : des client·e·s fidèles à deux grandes catégories de cadeaux : soit pour une utilisation interne (corporate gifting) afin d’encourager ou de féliciter le personnel en fin d’année principalement, soit pour une utilisation externe (produits professionnels) à destination de leurs clientèles ou partenaires, à distribuer lors de foires par exemple.
Parmi les labels insolites, citons La Compagnie du Kraft, papeterie française qui recourt à du papier végétal, Seegrid, une marque néerlandaise de portefeuilles, la marque allemande Kaffeeform, des tasses et gobelets à base de marc de café, la Danoise Organic Basics et ses textiles de qualité. Et d’ajouter : « On a aussi fait des savons pour l’UE- FA (Union of European Football Associations) avec les Savonneries Bruxelloises »..
Parce que c’est dans son ADN de bien faire les choses, Merchery est particulièrement fière d’arborer la certification B-Corp, garante du respect de standards sociétaux (comportements avec les parties prenantes) et environnementaux (chauffage du bâtiment, livraisons), de bonne gouvernance (écarts de salaires, gestion des retours auprès du personnel), et de transparence. « Elle est très difficile à obtenir, ça nous a pris un an et demi. Une belle victoire que nous dédions à nos 3 000 client·e·s ! »
Article publié initialement dans IDEAT Benelux n°5 janvier-février 2024 et édité