L
es villes sont totalement différentes aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Comment répondre aux demandes des collectivités publiques pour aménager les espaces communs de nos jours ? Produire plus ou moins de mobilier urbain ? ll est essentiel de s’investir dans l’espace public, tout particulièrement aujourd’hui où la polarisation est palpable. (Le repli individuel ou communautaire est tentant.) La ville est un lieu où l’on doit continuer à se rencontrer et où l’on doit mettre en place un cadre de vie qui permet ces rencontres, qui favorise le partage, voire qui questionne l’environnement dans lequel nous vivons.
« On se doit de protéger le vivre ensemble, et le questionner afin de lui donner la priorité.
Lucile Soufflet
Cela dit, l’espace public ne se résume pas à l’aménagement ou au mobilier urbain comme une fin en soi : c’est l’énergie de chacun à le penser, à le fabriquer ainsi qu’à l’utiliser tous ensemble qui le fait exister, et qui doit motiver à créer et produire dans ce sens. Un mobilier urbain est en quelque sorte un design de contexte, qui comprend l’usage mais aussi son inscription dans un contexte de ville, peu importe sa taille, et considère les rapports à autrui et au plus grand nombre… Il peut devenir un support d’identité pour le lieu. J’aime dessiner des projets qui peuvent se déployer, varier en forme et volumétrie selon les besoins (en photo, un banc de pique-nique en bois et acier laqué et un ensemble mobilier au complexe muséal CAP de Mons, NDLR). C’est une forme d’art industriel essentiel qui sert l’altérité comme un outil.
On doit considérer que le métier de designer n’existe pas que dans un objectif esthétique, mais aussi pour questionner, souligner les différences et apporter des solutions… Si cela se fait au détour d’une place ou sur un banc, pourquoi pas !
* L’exposition rétrospective de Lucile Soufflet au CID Grand-Hornu (BE) est à visiter jusqu’au 24 août.