Design ultime

Sur le bord de la route, le mobilier public ? Pas du côté de chez Lucile Soufflet, designer active depuis 2000 et reconnue en Belgique et à l’international pour avoir su innover et se démarquer dans cette avenue dans laquelle peu s’aventurent, au détriment des besoins existant pour assurer la qualité de vie dans les milieux urbains. Identifiées et utilisées, ses créations,
à l’instar de son fameux Banc circulaire et d’autres ittérations installées de Bruxelles et à Francfort, ont été conçues en lien avec des bureaux d’architectes (comme celui de Bas Smets, entre autres). Un travail qui s’illustre aussi dans sa collaboration avec Fermob pour l’outdoor et s’expose grandement au CID Grand-Hornu*. La parole lui est donnée.

L

es villes sont totalement différentes aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Comment répondre aux demandes des collectivités publiques pour aménager les espaces communs de nos jours ? Produire plus ou moins de mobilier urbain ? ll est essentiel de s’investir dans l’espace public, tout particulièrement aujourd’hui où la polarisation est palpable. (Le repli individuel ou communautaire est tentant.) La ville est un lieu où l’on doit continuer à se rencontrer et où l’on doit mettre en place un cadre de vie qui permet ces rencontres, qui favorise le partage, voire qui questionne l’environnement dans lequel nous vivons.

« On se doit de protéger le vivre ensemble, et le questionner afin de lui donner la priorité.

Lucile Soufflet

Cela dit, l’espace public ne se résume pas à l’aménagement ou au mobilier urbain comme une fin en soi : c’est l’énergie de chacun à le penser, à le fabriquer ainsi qu’à l’utiliser tous ensemble qui le fait exister, et qui doit motiver à créer et produire dans ce sens. Un mobilier urbain est en quelque sorte un design de contexte, qui comprend l’usage mais aussi son inscription dans un contexte de ville, peu importe sa taille, et considère les rapports à autrui et au plus grand nombre… Il peut devenir un support d’identité pour le lieu. J’aime dessiner des projets qui peuvent se déployer, varier en forme et volumétrie selon les besoins (en photo, un banc de pique-nique en bois et acier laqué et un ensemble mobilier au complexe muséal CAP de Mons, NDLR). C’est une forme d’art industriel essentiel qui sert l’altérité comme un outil.

©Caroline Dethier

On doit considérer que le métier de designer n’existe pas que dans un objectif esthétique, mais aussi pour questionner, souligner les différences et apporter des solutions…  Si cela se fait au détour d’une place ou sur un banc, pourquoi pas !

* L’exposition rétrospective de Lucile Soufflet au CID Grand-Hornu (BE) est à visiter jusqu’au 24 août.